économie l'intervention de l'Etat

Les objectifs des politiques économiques

L’économie a pour but final l’amélioration du bien être commun par la création de richesses. Cependant, l’économie reste un domaine complexe, fruit d’une multitude d’acteurs et de comportements différents. L’Etat intervient ainsi pour corriger des défaillances du marché, mais aussi pour stabiliser son fonctionnement, en optimisant son fonctionnement en cas de vigueur économique pour éviter les surchauffes, mais aussi pour que ce dernier soit socialement acceptable, notamment en cas de crise économique. L’Etat agit ainsi ponctuellement par des politiques économiques conjoncturelles, mais va aussi agir sur la structure de l’économie de la nation par des politiques structurelles afin d’améliorer les conditions de réalisation de la croissance potentielle de son économie.

Les grands objectifs de la politique économique

La politique économique de l’Etat poursuit différents objectifs : la croissance économique d’une part, le plein emploi, la stabilité des prix et les équilibres commerciaux.

La croissance économique

La croissance économique peut se définir comme l’accroissement sur une courte ou une longue période des quantités de biens et services produits dans un pays. Cette production va générer de la valeur ajoutée, par la combinaison des facteurs de production, et in fine davantage de richesses dans le pays concerné, qui sera mesurée par l’évolution du PIB.

Le produit intérieur brut aux prix du marché vise à mesurer la richesse créée par tous les agents, privés et publics, sur un territoire national pendant une période donnée. On peut le déterminer par la somme des valeurs ajoutées de toutes les acti­vités de production de biens et de services et en y ajoutant les impôts moins les subventions sur les produits.

La croissance économique est donc une hausse de la valeur ajoutée créée sur une période donnée, ce qui a priori indique une enrichissement de la population, un progrès économique sous réserve d’un partage raisonnable de cette richesse. Une hausse de la croissance ne signifie pas nécessairement une hausse du niveau de vie moyen. Le PIB est un indicateur quantitatif, et non qualitatif, d’où les régulières remises en cause.

On distingue par ailleurs la croissance intensive, basée sur l’augmentation de la productivité du travail ou du capital (ou comment produire plus avec les mêmes quantités de travail et de capital) et la croissance extensive (qui nécessite de mobiliser davantage de capital et de travail).

En cas de croissance extensive, la hausse de l’activité a un effet sur l’emploi car la hausse de la productivité ne suffira pas à réaliser la production. Pour produire davantage, les entreprises auront recours à davantage de main-d’œuvre. Par exemple, si une entreprise vend 100 pièces en N, puis 102 pièces en N+1, une hausse de la productivité de 2% permet de produire ces quantités supplémentaires avec le même stock de travail. A l’inverse, si la productivité n’est que de 1%, l’entreprise ne pourra pas produire 102 pièces, mais 101, sans recourir à de l’embauche supplémentaire.

Le plein emploi

Le plein emploi correspond à une situation où l’ensemble de la population active est en emploi. Cela ne signifie pas un taux de chômage de 0%, car il y a toujours un taux de chômage incompressible, appelée chômage frictionnel généré par les périodes entre deux emplois (entretiens d’embauche etc) et le délai pour de jeunes actifs entre leur arrivée sur le marché du travail et leur premier emploi.

Par ailleurs, tout dépend de ce qu’on définit comme un chômeur. En effet, la définition retenue est celle du BIT, qui exclue les situations de sous emploi (temps partiel subi) et le halo du chômage. Le plein emploi ne signifie pas par ailleurs un emploi à temps plein pour tous…

On parle de plein emploi lorsque le taux de chômage atteint 3,5%, en deçà des tensions sur le marché du travail peuvent apparaître, le stock de travail pouvant se révéler insuffisant.

Cette vision du plein emploi à partir du taux de chômage reste cependant à relativiser, car il n’intègre pas ce qu’on appelle le sous emploi, comme du temps de travail partiel subi.

La stabilité des prix

Les prix sont issus de la rencontre entre l’offre et la demande. En cas de croissance économique forte, la demande de biens économiques ou de matières premières peut s’accroître plus rapidement que l’offre, surtout si le stock de travail disponible est restreint. La conséquence de ce déséquilibre est alors l’inflation, à savoir  une hausse générale, durable et cumulative des prix. Cette hausse des prix va alors pénaliser le pouvoir d’achat des ménages.

Ici les ménages sont inégaux face à la hausse des prix, en fonction de leur capacité à générer une épargne qui leur permette de compenser d’une part la hausse des prix, et de la nature de leurs revenus (les retraites non indexées sur l’inflation par exemple…).

Les ménages actifs peuvent alors réclamer une hausse de leurs salaires, qui va à son tour alimenter une nouvelle hausse des prix, les entreprises répercutant cette hausse de leurs coûts salariaux sur leurs prix de vente.

Les causes de l’inflation peuvent donc venir

  • d’une demande globale excessive (une surchauffe de l’économie),
  • des structures de marchés empêchant une baisse des prix (marché peu concurrentiel etc)
  • d’un excédent monétaire

Une inflation non maîtrisée peut donc aboutir à une baisse de la richesse globale, en perturbant le marché du travail et la croissance économique.

A l’inverse, une absence d’inflation qui se traduit par une baisse durable des prix est aussi voire plus problématique : on parle alors de déflation. Elle se caractérise par une baisse continue et auto entretenue du niveau général des prix. Elle peut inciter les ménages à reporter leurs décisions d’achats dans l’attente de nouvelles chutes de prix et surtout, provoque une dégradation de la situation financière des particuliers et institutionnels qui ont recours à l’emprunt. En effet, le coût réel de la dette (c’est-à-dire une fois l’inflation prise en compte) augmente avec la baisse de l’indice général des prix car les remboursements des emprunts ne sont généralement pas indexés sur l’inflation. Il en résulte une moindre capacité à investir pour les entreprises et une moindre capacité à consommer pour les ménages endettés, ce qui renforce le cercle vicieux de la baisse des prix.

les équilibres de la balance des paiements

Les équilibres s’apprécient à partir de la balance des paiements, un document comptable retraçant l’ensemble des opérations entre agents résidents et non résidents, c’est à  dire toutes les entrées et sorties de biens, de services et de capitaux, pendant un an.

On y retrouve plus spécifiquement les transactions courantes, qui s’analyse sous deux formes : 

La balance commerciale

La balance commerciale détermine le solde entre les exportations et les importations de biens et de services, effectué en devises, et dont la valeur est déterminée par un taux de change. 

D’un point de vue français, la balance commerciale est devenue la bête noire des différents gouvernements, et plus particulièrement sur les échanges de biens. On peut en déduire une certaine perte de compétitivité coût et hors coût des entreprises françaises et une spécialisation sectorielle de la France qui révèle une certaine faiblesse dans le domaine des nouvelles technologies et du numérique…

Insee
source, Banque de France

La valeur de la devise (monnaie) est ici déterminante pour les équilibres publics.

La balance des transactions courantes.

Le compte des transactions courantes recense toutes les opérations définitives d’un pays, qui ne seront pas suivies ultérieurement d’un flux en sens inverse.

Si son solde est négatif, cela signifie que la nation s’endette vis-à -vis de l’extérieur, pour financer consommation et investissement, l’étranger est investisseur net dans le pays. Si son solde est positif, cela signifie que la nation dégage une épargne qu’elle peut placer à  l’étranger, elle est investisseur net à l’étranger. Cet indicateur exprime ainsi l’endettement et l’indépendance de l’Etat. La dette implique en effet de rémunérer le capital investi, et le remboursement des prêts consentis.

source banque de france

De la dette et du déficit budgétaire

Le budget de l’État est un document établi par le Gouvernement, appelé « loi de finances » et voté par le Parlement chaque année. Il traduit des choix de politiques publiques dans les domaines économique et social. Le budget prévoit les dépenses et les recettes que l’État a le droit d’engager et de percevoir pour l’année à venir.

LES DÉPENSES PUBLIQUES

Les dépenses publiques correspondent à l’ensemble des dépenses des administrations publiques (APU). Les APU comprennent les administrations centrales (ministères, Pôle Emploi, universités…), les administrations locales (mairies, lycées…) et des administrations de Sécurité sociale (hôpitaux, Urssaf, CAF…). Plus de la moitié des dépenses publiques correspond aux versements de prestations sociales par les APU pour couvrir les risques sociaux : maladie, vieillesse, chômage, précarité…

insee

LES RECETTES PUBLIQUES

L’essentiel des recettes publiques provient des prélèvements obligatoires, c’est-à-dire de l’ensemble des impôts et cotisations sociales prélevés par les différentes administrations publiques.

Un impôt est un versement obligatoire et sans contrepartie aux administrations publiques. Il sert principalement à financer les dépenses publiques liées à la production de services non marchands (ex. : impôt sur le revenu et impôt sur les sociétés). Une cotisation sociale, quant à elle, ouvre droit à une prestation sociale (ex. : les pensions de retraite sont la contrepartie des cotisations vieillesse).

DÉFICIT PUBLIC ET DETTE PUBLIQUE

On parle de déficit public lorsque les recettes publiques sont insuffisantes pour couvrir les dépenses publiques, le solde public est négatif : cela correspond à un déficit public. Depuis 40 ans, les recettes publiques sont insuffisantes pour couvrir les dépenses : la France est en situation de déficit public. 

Les administrations publiques financent chaque année leur déficit public grâce à des emprunts. Le cumul de ces emprunts forme la dette publique. Les administrations publiques doivent donc rembourser leurs emprunts et payer des intérêts, appelés « charge de la dette ». Chaque déficit public annuel engendre donc un nouveau flux d’emprunts qui vient nourrir le stock de dette publique.

En infographie https://www.ecoenschemas.com/schema/la-dette-publique/

L’endettement de l’Etat va également limiter sa capacité à agir, par le poids de la dette et la charge des intérêts à verser.

Le carré magique de Kaldhor

Le carré magique représente graphiquement ces quatres grandes variables, il est qualifié de magique par son caractère irréalisable. Il permet cependant d’apprécier la situation d’un pays, sa comparaison dans le temps et à d’autres états.

À partir de ce carré se dégagent deux relations importantes en macroéconomie :

La relation entre l’inflation et le chômage (courbe de Phillips). Si le taux de chômage est faible, le taux d’inflation sera élevé et vice-versa. A noter cependant que cette règle s’est imparfaitement vérifiée cette dernière décennie, le plein emploi américain ne s’étant pas traduit par des tensions sur les prix, conséquence d’un marché du travail mondialisé qui ne se limite plus aux emplois ouvriers et de l’uberisation d’une partie de l’emploi.

La relation entre la croissance économique et le chômage. Invariablement, plus la croissance est forte et plus le chômage baisse (loi d’Okun).