économie création et répartition de la richesse

production et combinaison productive

D’un point de vue économique, la production est une activité socialement organisée par une entité légale qui combine des facteurs de production (facteur travail et facteur capital) afin de transformer les consommations intermédiaires en biens ou en services s’échangeant sur le marché. Cependant, cette fonction se révèle complexe et multiple, tant par la diversité des combinaisons possibles entre les facteurs de production capital et travail, mais aussi  les organisations de productions retenues.  Un moyen d’évaluer l’efficacité de cette combinaison est souvent la productivité, mais aussi son évolution.

Les différents facteurs de production

Les facteurs de production correspondent aux ressources utilisées par l’entreprise pour produire des biens ou des services. On distingue, en économie, deux types de facteurs de production : les facteurs primaires et les facteurs secondaires.

Les facteurs primaires de production

le capital technique

Le capital technique regroupe l’ensemble des moyens de production durables permettant de produire des biens et des services. 

Le caractère durable des moyens de production s’apprécie par la non destruction de ces moyens de production lors d’un cycle de production d’un bien ou service. 

Il s’agit donc ici des machines (serveurs web, parc informatiques, robots), outillages, locaux etc, mais aussi de la terre (foncier) mobilisés. 

La quantité de capital est déterminée par l’investissement

L’investissement est l’opération réalisée par l’agent économique décidant d’acquérir des biens de production.

L’investissement est donc à distinguer du capital. Le capital est un stock, l’investissement un flux financier permettant d’acquérir ce capital. Il faut donc des capitaux pour constituer le capital technique.

Cet investissement est comptabilisé comme FBCF, formation brute de capital fixe. Il correspond  à la mesure, par l’INSEE, de l’investissement et  comprend les actifs fixes corporels ou incorporels issus de processus de production et utilisés de façon répétée ou continue dans d’autres processus de production pendant au moins un an.

le travail

Le travail désigne en économie l’ensemble des activités économiques manuelles et intellectuelles organisées et coordonnées servant à produire des biens et des services et rémunérée. 

Son champ d’application est donc plus large que le simple salariat, il peut y intégrer des free-lance, du portage salarial, les professions libérales mais il exclut le bénévolat et les tâches domestiques (tâches ménagères, éducation, etc) qui ne sont pas rémunérées.

La quantité de travail 

Le travail peut s’analyser d’un simple point de vue quantitatif. On parlera alors du nombre d’heures de travail effectuées, ou du taux d’emploi, à savoir le pourcentage de la population active (ensemble des personnes en âge de travailler) exerçant un emploi. 

Au sens de l’INSEE, l’emploi correspond à l’ensemble des personnes, salariés et travailleurs indépendants, exerçant une activité rentrant dans le domaine de la production de biens ou services En 2020, la population en situation d’emploi au sens du BIT était de 26,995 millions.La majorité de l’emploi en France est du travail salarié

On peut augmenter la quantité de travail d’un pays 

  • en augmentant le nombre de personnes en emploi: par le report de l’âge du départ en retraite, en luttant contre le chômage, en développant les systèmes de garde des enfants pour les jeunes parents…
  • en augmentant le nombre d’heures travaillées par actif : défiscalisation des heures supplémentaires, changement de la durée légale…

Le capital humain

Le capital humain correspond à l’analyse d’un point de vue qualitatif du facteur travail à travers les compétences des travailleurs, à savoir les capacités d’un individu pour occuper un emploi. 

La compétence intègre le savoir, c’est-à-dire ses connaissances générales et professionnelles.(qualifications), mais aussi le savoir-faire, issu de l’expérience et qui atteste d’aptitudes professionnelles et le savoir-être, soit les qualités comportementales et relationnelles (travailler en équipe, collaboration, initiatives etc…) 

La compétence est issue d’investissements, qui peuvent être privés ou publics. 

Les facteurs de production secondaire

Les ressources naturelles

Les ressources naturelles désignent l’ensemble des ressources non produites par l’homme,  qui lui sont directement utiles ou qu’il peut exploiter techniquement et économiquement. (poissons, eau, minerais, combustibles etc).

L’information

L’information est constituée de tout élément de connaissance dont la possession permet à un acteur de prendre une décision plus efficace que celle qu’il aurait prise en l’absence de cette connaissance

Les informations peuvent être issues de l’entreprise elle-même ; statistiques de vente par produit, par zone géographique, par client ; des indicateurs de performance (turnover, productivité), de données comptables ou encore, de données primaires (enquête de consommation, étude de marché réalisée par l’entreprise etc),  des données issues de capteurs, des contenus publiés sur le web (images, vidéos, sons, textes), des transactions de commerce électronique, des échanges sur les réseaux sociaux, des données transmises par les objets connectés (étiquettes électroniques, compteurs intelligents, smartphones…), des données géolocalisées, etc.

L’information peut être externe à l’entreprise, libre ou non (données sectorielles, études de marché, veille juridique et fiscale etc)

La disponibilité de l’information imite l’asymétrie. Elle est au cœur de nouveaux marchés et de la révolution digitale du big data, du cloud computing… Elle est indispensable pour le lancement d’un nouveau produit, connaître les préférences de ses clients, la rentabilité d’un investissement….

Enjeux de la combinaison productive

Principe

La combinaison productive représente la proportion de facteur travail et capital utilisée par l’entreprise pour produire des biens et des services.

Ce choix de combinaison des facteurs de production, à savoir l’entreprise a-t-elle recours par exemple à une machine pour automatiser un processus ou à l’embauche d’un salarié pour le réaliser, est déterminé par  un mode de production, lui-même  déterminé d’une part par la nature du bien à produire (s’agit-il d’un bien unique ou de plusieurs types de biens), ET de la quantité à produire (petites séries, production de masse).

L’optimisation du coût des facteurs

De ce choix de combinaison productive va dépendre le coût relatif des facteurs de production, à travers la recherche de gains de productivité et la réduction des incidents de production (fabrication interrompue, qualité défectueuse etc).

La recherche de productivité

La productivité permet de mesurer l’efficacité des facteurs de production, et donc l’efficacité de la combinaison productive. La productivité compare ainsi la production réalisée à la quantité de travail nécessaire pour réaliser cette production et permet ainsi de calculer l’efficacité de son activité de travail. Par exemple, Ford a modifié en 1913  sa combinaison productive en introduisant le déplacement des pièces sur des convoyeurs. Le temps de montage du châssis de la Ford T passe de 728 min à 93 min. Ce gain de temps a augmenté les quantités produites par le même nombre d’ouvriers. La productivité favorise ainsi la création de valeur économique, qui peut être reversée sous forme de rémunération du travail ou en abaissant le prix de vente du bien/service.

La productivité peut s’évaluer de manière physique ou en valeur. La productivité physique va identifier la quantité de biens produits par exemple, le nombre de rendez-vous effectués par un commercial etc. La productivité en valeur va s’intéresser à la création de valeur effectuée.

Productivité physique = quantité produite/quantité de travail

Productivité en valeur= CA/quantité de travail

Les facteurs de productivité passent ainsi par une politique d’investissements : 

  • dans le progrès technique, tel que les  innovations, technologiques et de procédés 
  • en Recherche & Développement.
  • en capital humain : formation, employabilité, évolution de carrières…

Dans les principaux pays de l’OCDE, la productivité horaire a fortement baissé à partir du milieu des années 1990. Cette tendance peut s’expliquer en majeure partie par un poids plus important dans l’économie du secteur tertiaire dont les gains de productivité sont moins dynamiques dans les services que dans l’industrie ». Ainsi,  en France, la proportion de l’industrie dans l’emploi du secteur marchand a chuté de 15 points depuis le début des années 80 passant de 30% à 15%.

SOURCE OCDE

Autre particularité de l’industrie, son intensité capitalistique, ou l’importance du facteur capital dans la combinaison productive, comme l’industrie automobile.

La substitution des facteurs ou la recherche de compétitivité

La compétitivité détermine la capacité d’une organisation (Etat, entreprise etc) à faire face à la concurrence. Les facteurs de compétitivité d’un pays sont nombreux (coût du travail, productivité, coût de l’emprunt, dialogue social, infrastructures, qualifications globale de la main d’œuvre…).

La compétitivité ne se résume cependant pas à une simple capacité à produire moins cher exporter davantage qu’importer des biens ou des services pour un pays, ou pour être leader d’un marché pour une entreprise, ce qui relève de la compétitivité coût, elle peut être aussi déterminée par une compétitivité hors coût, comme la qualité sur laquelle l’Allemagne a capitalisé avec son” made in germany” et la stratégie de ses principales entreprises (groupe WV, Bosch etc).

Dans cette hypothèse de compétitivité hors coûts, l’entreprise va créer une offre possédant des caractéristiques uniques, appréciées des clients, et que ces clients sont disposés à payer plus cher, et ainsi se doter d’un avantage fondé sur la différenciation. On parle alors de stratégies de domaine pour les entreprises.

Les facteurs de production sont complémentaires, mais aussi substituables. On peut ainsi remplacer un facteur de production par un autre, ce qui conduit à augmenter la quantité d’un facteur au détriment de l’autre. On peut ainsi substituer du capital au travail ou du travail au capital. Ainsi Tesla, qui ambitionnait une usine automatisée, a fait face à une série de dysfonctionnements et de ratés de production qui l’ont conduit à procéder à des embauches pour la réalisation de certaines tâches.

Cette substitution est déterminée par une série de facteurs, notamment le coût relatif du travail et du capital mais aussi des conditions techniques de la production. Certaines tâches sont encore trop complexes pour les robots/ordinateurs, qui ne peuvent encore concurrencer la fine motricité des mains humaines, la sensibilité du toucher ou remplacer des compétences humaines (empathie, dialogue etc…).

La tendance dominante à ce jour reste cependant  la substitution du capital au travail. Par exemple, dans les entrepôts d’Amazon, ou d’Ali Baba, des salariés, appelés “pickers” couvraient une dizaine de kilomètres par jour dans les allées des entrepôts pour chercher dans les rayons les articles commandés pour procéder à leur expédition. Ces salariés ont été remplacés par des robots. Dans la même logique, on peut parler du système automatisé de Cdiscount, avec ses robots capables de se déplacer sur trois dimensions pour récupérer et distribuer des articles. A noter que l’utilisation des robots a pour avantage également d’optimiser l’espace de stockage en réduisant les allées, ce qui permet d’augmenter le volume de stockage au sol et en hauteur.