économie l'intervention de l'Etat terminale

Les défaillances du marché


  1. La gestion des biens communs et les biens publics
    1. Les biens communs
      1. Le risque de surexploitation des biens communs
    2. Les biens collectifs, ou publics
  2. La présence d’externalités
    1. La réponse de l’Etat face aux externalités
  3. L’asymétrie d’information
    1. L’intervention de l’Etat
  4. L’insuffisance de la concurrence
    1. La politique de la concurrence de l’Etat
  5. Méthodologie : comprendre un énoncé, traiter une question ouverte d’économie

Le marché est un lieu où se déroulent des échanges entre des agents économiques. Cette confrontation entre une offre et une demande de biens économiques permet une allocation optimale des ressources par le mécanisme du prix de marché. Le marché, via la concurrence, permet ainsi d’obtenir des produits moins chers, ou de meilleure qualité ou plus innovants.

En effet, lorsque l’offre d’un bien est supérieure à la demande, les offreurs se font concurrence pour vendre leur produit en baissant le prix qu’ils proposent ce qui permet d’augmenter la demande de ces produits et de réduire l’offre. Le prix baisse jusqu’à ce que les quantités offertes et les quantités s’équilibrent : le marché fixe ainsi le prix d’équilibre qui établit les quantités échangées. 

De même, une entreprise peut se soustraire à la concurrence par l’innovation.  L’innovation désigne l’introduction sur le marché d’un produit ou d’un procédé nouveau ou significativement amélioré par rapport à ceux précédemment élaborés. Cette innovation va créer un monopole temporaire, le produit n’étant pas substituable (un seul acteur fournit ce bien, qui est exclusif).

Cependant, le marché n’est pas tout le temps efficace. On parle alors de défaillance du marché, dans quatre situations particulières : 

  • l’insuffisance de la concurrence
  • la prise en charge des biens communs et des biens publics
  • les externalités
  • l’asymétrie d’information

Une défaillance du marché désigne une situation où le marché n’est pas efficace puisqu’il n’aboutit pas à la meilleure situation pour la collectivité.

La gestion des biens communs et les biens publics

Les biens communs et les biens publics ont comme point commun de ne pas être excluable, c’est à dire qu’on ne peut empêcher un individu d’utiliser ce bien même s’il n’a pas participé à son financement. 

Les biens communs

Les biens communs sont des biens dont la consommation des uns réduit celle des autres (caractère rival), mais sans que l’on puisse les en exclure : forêt, océans, rivières… 

On ne peut pas pêcher deux fois le même poisson, mais on ne peut empêcher l’accès à l’océan. 

Le risque de surexploitation des biens communs

L’enjeu essentiel de cette ressource commune concerne son exploitation:  un comportement rationnel au niveau d’un agent peut se révéler déraisonnable pour l’ensemble de la population. On peut ainsi citer la surexploitation de la pêche en mer. Il est logique pour un individu de pêcher le maximum de poissons, mais si chaque individu le fait, les ressources de poissons vont se tarir. 

Il est de même pour l’eau : un agriculteur ou un industriel peut utiliser l’eau d’une rivière, mais sa surexploitation peut conduire à une pénurie d’eau pour les autres acteurs.

L’Etat doit donc intervenir pour organiser cette ressource (appropriation privée d’une forêt, ou gestion publique via la création d’une réserve naturelle, de l’Office National des Forêts) ou en limiter son exploitation (quota de pêche, limitation de l’irrigation…)

Les biens collectifs, ou publics

Les biens collectifs peuvent être consommés en même temps par plusieurs personnes. Ils bénéficient donc à un ensemble de personnes et pas seulement à celles qui l’ont éventuellement payé, si bien qu’aucune de ces personnes n’est prête à en payer seule le coût. 

On peut citer ainsi l’éclairage public, des routes, ou de la Défense National, mais également les ressources naturelles, la biodiversité, la qualité de l’air, la stabilité économique, la santé… dont les externalités sont positives et profitent à tous.

Ces biens collectifs/publics ne peuvent donc être pris en charge que par l’action publique, et financés par l’impôt, sauf à instaurer une redevance ou un péage (pour les autoroutes).

En effet, la production de biens collectifs tels que la voirie, les égouts, les tunnels, nécessite souvent un financement par les pouvoirs publics car leur rentabilité est faible à court terme, voire impossible (comment facturer de manière individuelle l’utilisation d’un trottoir?), alors qu’ils sont considérés comme indispensable à la société. La collecte des eaux usées a permis des gains substantiels en terme de santé publique, est nécessaire à des activités comme le tourisme etc.

La présence d’externalités

On parle d’externalités lorsque le comportement d’un agent économique affecte positivement (externalités positives) ou négativement (externalités négatives) le bien-être d’au moins un autre agent économique sans que celui-ci ne reçoive une compensation.

La poursuite des intérêts personnels des acteurs ne conduit ni à l’équilibre de marché ni à la maximisation du bien-être collectif. 

La recherche de profit conduit les entreprises de l’agroalimentaire à commercialiser des aliments ultra transformés, qui sont moins chers à produire, mais qui sont également une cause de l’épidémie mondiale d’obésité compte tenu de leur teneur en sucre. Le recours au plastique pour les emballages est également peu cher, mais contribue à la pollution. 

La réponse de l’Etat face aux externalités

Puisque le marché est défaillant et ne permet pas d’encourager les externalités positives ni de réduire les externalités négatives, les pouvoirs publics mettent en place des mesures visant à encourager les activités à l’origine d’externalités positives (aide à la rénovation énergétique qui ont pour externalité de limiter le réchauffement climatique, vaccination obligatoire…) et limiter les activités sources d’externalités négatives (interdictions de pesticides, fin de la commercialisation de voitures thermiques neuves en 2035, fiscalité carbone selon le principe de pollueur-payeur). L’État agit ainsi via la réglementation ou les incitations financières, comme la taxation ou les subventions.

Les externalités sont des défaillances du marché car la poursuite des intérêts personnels des acteurs ne conduit ni à l’équilibre de marché ni à la maximisation du bien-être collectif.

L’asymétrie d’information

Les marchés sont défaillants quand une des deux parties est mieux informée que l’autre lors d’une transaction (l’information est dite asymétrique). 

Les raisons de cette asymétrie peuvent être la complexité de l’information (produit technique) pour l’autre partie, elle peut relever du secret des affaires (secret de composition) ou tout simplement dans l’absence d’intérêt à transmettre cette information, ou encore son aspect onéreux (étude de marché par exemple). 

La conséquence de cette asymétrie est notamment l’apparition de phénomènes de sélection adverse.

Dans le cas de la sélection adverse, ce sont les caractéristiques du produit échangé qui ne sont pas connues de façon symétrique. L’asymétrie d’information conduit les agents économiques à sélectionner de « mauvais » produits car les « bons » produits ne sont plus échangés sur le marché.

Par exemple, sur le marché des voitures d’occasion, en l’absence de contrôle technique, le vendeur détient davantage d’informations sur la qualité de la voiture que l’acheteur. 

L’acheteur ne sait pas évaluer si la voiture d’occasion est de bonne qualité ou s’il s’agit d’un produit de mauvaise qualité. Redoutant d’acheter un véhicule de mauvaise qualité, les acheteurs ne sont pas prêts à payer le prix du marché ; ils n’achètent qu’à un prix qui permet de compenser le risque de tomber sur une voiture pourrie. À ce prix, les vendeurs de voitures de bonne qualité se retirent du marché. La qualité moyenne des voitures diminue donc et les acheteurs exigent de nouvelles baisses de prix… Un cercle vicieux se produit.

L’intervention de l’Etat

L’Etat intervient via le droit pour imposer des mentions obligatoires (label de qualité, origine et composition du produit, certification (consommation énergétique par exemple pour un logement, contrôle technique pour un véhicule), mais aussi imposer un devoir d’information (droit de la consommation, obligation d’information pesant sur le vendeur d’un produit, devoir de conseil…) dont le non-respect est sanctionné (annulation d’un contrat par exemple en cas de dol)

L’insuffisance de la concurrence

Le marché repose sur la concurrence entre les acteurs économiques, qui est une incitation à innover (produits nouveaux) et à améliorer leur productivité (baisse des prix), ce qui aboutit également à une plus grande diversité de produits et à l’émergence de services nouveaux. 

Le marché peut cependant conduire à l’élimination de la concurrence en favorisant malgré lui les entreprises les plus importantes, qui sont à la fois les plus aptes à réaliser des économies d’échelles ou qui détiennent les ressources financières nécessaires pour racheter leur concurrent.

De plus, il arrive que des entreprises utilisent des méthodes illégales pour parvenir à leurs fins (par exemple, des pressions sur leur fournisseur pour obtenir une exclusivité ou une entente illégale sur les prix avec certains concurrents pour fausser la libre fixation des prix sur le marché, ou de se répartir les marchés ou les sources d’approvisionnement par le biais d’entente ou encore d’utiliser leur position dominante pour obtenir un avantage injustifié.

La politique de la concurrence de l’Etat

L’Etat va donc favoriser la concurrence entre les acteurs via une politique dédiée. Il garantit la liberté d’entreprendre, sanctionne la concurrence déloyale, et donne pour mission à des organismes publiques comme l’Autorité de la Concurrence de veiller au bon fonctionnement du marché.

L’Autorité de la concurrence est une autorité administrative indépendante française chargée de faire respecter les règles du jeu de la concurrence. Elle exerce à ce titre plusieurs missions :

  • Lutter contre les ententes et les abus de position dominante en prononçant, si nécessaire, des mesures
  • Contrôler les opérations de fusion-acquisition (opérations dites de « concentration »)
  • Formuler des avis et émettre des recommandations  sur les projets de texte ou de réforme envisagés par le gouvernement ou sur toute question de concurrence utile au débat public.

Le cœur de métier de l’Autorité est l’activité contentieuse, qui consiste à sanctionner les manquements et abus des acteurs aux règles de la concurrence.

Elle peut émettre des sanctions à la fois pour sanctionner le comportement de l’entreprise en cause et dissuader les autres entreprises de mettre en œuvre de telles pratiques. Les amendes peuvent aller jusqu’à 10% du CA mondial. Ainsi, entre 2009 et 2021, c’est plus de huit milliards d’euros d’amendes qui ont été prononcées.

Méthodologie : comprendre un énoncé, traiter une question ouverte d’économie


(1 commentaire)

Les commentaires sont fermés.