Sommaire
- Les objectifs des politiques économiques à court terme
- Les politiques économiques à moyen/long terme: les politiques structurelles
Les politiques économiques visent à remédier aux différents déséquilibres de la croissance que les marchés ne parviennent pas spontanément à réguler.
Elles exercent leurs effets à court terme sur les cycles économiques, ou à long terme via des politiques structurelles.
Les objectifs des politiques économiques à court terme
La politique économique de l’Etat poursuit différents objectifs : la croissance économique d’une part, le plein emploi, la stabilité des prix et les équilibres commerciaux. Elles peuvent être de nature :
- procyclique, à savoir amplifier la dynamique d’un cycle économique,
- contracyclique : aller contre la tendance d’un cycle économique en cas de crise économique ou de surchauffe de l’économie
Agir sur les cycles économiques
L’activité économique n’est pas un long fleuve tranquille. Ainsi l’activité va connaître de nombreuses fluctuations, à la hausse comme à la baisse, qui vont constituer un cycle.
On distingue ainsi différentes phases :
- L’expansion économique : le taux de croissance augmente. Elle peut s’accompagner d’inflation.
- La crise : il s’agit d’un point de retournement brutal de la conjoncture. La période qui suit la croissance est faible et le chômage élevé.
- La récession : baisse du PIB sur trois trimestres, pouvant dans des cas exceptionnels aller jusqu’à la dépression, caractérisée par une diminution importante et durable de la production avec souvent un mécanisme de déflation (baisse des prix).
- La dépression est la baisse continue de l’activité économique sur une période longue.
- La reprise : le taux de croissance redevient positif, le volume de la production augmente.(le point de bascule), puis de la récession, voire la dépression puis de la reprise, qui est le démarrage d’un nouveau cycle.

Les objectifs des politiques économiques procyclique
Les politiques procycliques ont pour vocation de remédier aux déséquilibres de la phase de croissance ou de renforcer les périodes de reprise économique.
La croissance économique
La croissance économique peut se définir comme l’accroissement sur une courte ou une longue période des quantités de biens et services produits dans un pays.
Cette production va générer de la valeur ajoutée, par la combinaison des facteurs de production, et in fine davantage de richesses dans le pays concerné, qui sera mesurée par l’évolution du PIB.
Le produit intérieur brut aux prix du marché vise à mesurer la richesse créée par tous les agents, privés et publics, sur un territoire national pendant une période donnée. On peut le déterminer par la somme des valeurs ajoutées de toutes les activités de production de biens et de services et en y ajoutant les impôts moins les subventions sur les produits.
La croissance économique correspond donc à la hausse du PIB d’une période à l’autre (trimestre ou année).

On distingue par ailleurs
- la croissance intensive, basée sur l’augmentation de la productivité du travail ou du capital (ou comment produire plus avec les mêmes quantités de travail et de capital)
- la croissance extensive (qui nécessite de mobiliser davantage de capital et de travail).
En cas de croissance extensive, la hausse de l’activité a un effet sur l’emploi car la hausse de la productivité ne suffira pas à réaliser la production. Pour produire davantage, les entreprises auront recours à davantage de main-d’œuvre.
Par exemple, si une entreprise vend 100 pièces en N, puis 102 pièces en N+1, une hausse de la productivité de 2% permet de produire ces quantités supplémentaires avec le même stock de travail. A l’inverse, si la productivité n’est que de 1%, l’entreprise ne pourra pas produire 102 pièces, mais 101, sans recourir à de l’embauche supplémentaire.
Le plein emploi
Le plein emploi correspond à une situation où l’ensemble de la population active est en emploi.
Cela ne signifie pas un taux de chômage de 0%, car il y a toujours un taux de chômage incompressible, appelée chômage frictionnel généré par les périodes entre deux emplois (entretiens d’embauche etc) et le délai pour de jeunes actifs entre leur arrivée sur le marché du travail et leur premier emploi.

On parle de plein emploi lorsque le taux de chômage atteint 3,5%, en deçà des tensions sur le marché du travail peuvent apparaître, le stock de travail pouvant se révéler insuffisant.
Cette vision du plein emploi à partir du taux de chômage reste cependant à relativiser, car il n’intègre pas ce qu’on appelle le sous emploi, comme du temps de travail partiel subi.
La stabilité des prix
La maîtrise des prix se définit comme le fait de maîtriser la hausse des prix aux alentours de 2%.
Les prix sont issus de la rencontre entre l’offre et la demande. En cas de croissance économique forte, la demande de biens économiques ou de matières premières peut s’accroître plus rapidement que l’offre, surtout si le stock de travail disponible est restreint.
La conséquence de ce déséquilibre est alors l’inflation, à savoir une hausse générale, durable et cumulative des prix.
En résumé, on consomme moins de biens et de services avec la même somme d’argent. Cette hausse des prix va alors pénaliser le pouvoir d’achat des ménages, contribuer à l’érosion monétaire et peut aboutir à une crise économique.
Ici les ménages sont inégaux face à la hausse des prix, en fonction de leur capacité à générer une épargne qui leur permette de compenser d’une part la hausse des prix, et de la nature de leurs revenus (les retraites non indexées sur l’inflation par exemple…).
Les ménages actifs peuvent alors réclamer une hausse de leurs salaires, qui va à son tour alimenter une nouvelle hausse des prix, les entreprises répercutant cette hausse de leurs coûts salariaux sur leurs prix de vente.
Les causes de l’inflation peuvent donc venir
- d’une demande globale excessive (une surchauffe de l’économie),
- des structures de marchés empêchant une baisse des prix (marché peu concurrentiel etc)
- d’un excédent monétaire
Une inflation non maîtrisée peut donc aboutir à une baisse de la richesse globale, en perturbant le marché du travail et la croissance économique.
A l’inverse, une absence d’inflation qui se traduit par une baisse durable des prix est aussi voire plus problématique : on parle alors de déflation. Elle se caractérise par une baisse continue et auto entretenue du niveau général des prix. Elle peut inciter les ménages à reporter leurs décisions d’achats dans l’attente de nouvelles chutes de prix et surtout, provoque une dégradation de la situation financière des particuliers et institutionnels qui ont recours à l’emprunt. En effet, le coût réel de la dette (c’est-à-dire une fois l’inflation prise en compte) augmente avec la baisse de l’indice général des prix car les remboursements des emprunts ne sont généralement pas indexés sur l’inflation. Il en résulte une moindre capacité à investir pour les entreprises et une moindre capacité à consommer pour les ménages endettés, ce qui renforce le cercle vicieux de la baisse des prix.
les équilibres de la balance des paiements
La balance des paiements est un relevé des transactions internationales d’un pays avec le reste du monde. Elle présente les transactions courantes ( échanges de biens et services, et les transferts de revenus) et les transactions financières.
Concernant les échanges de biens et services, on parle alors de balance commerciale.
La balance commerciale détermine le solde entre les exportations et les importations de biens et de services, effectué en devises, et dont la valeur est déterminée par un taux de change.
- Un excédent commercial est un relais de croissance pour le pays, mais également un indicateur de la compétitivité des productions nationales.
- Un déficit commercial illustre une perte de richesse (une partie du PIB sort du territoire vers d’autres économies) et un manque de compétitivité des productions.

Ci-dessous, la balance des transactions courantes de la France et de l’Allemagne, grande exportatrice de biens manufacturés, exprimés en % de PIB.

D’un point de vue français, la balance commerciale est devenue la bête noire des différents gouvernements, et plus particulièrement sur les échanges de biens. On peut en déduire une certaine perte de compétitivité coût et hors coût des entreprises françaises et une spécialisation sectorielle de la France qui révèle une certaine faiblesse.

Le carré magique de Kaldhor
Le carré magique de Kaldor est une représentation graphique des quatre grands objectifs économiques, il est qualifié de magique par son caractère irréalisable. Il permet cependant d’apprécier la situation d’un pays, sa comparaison dans le temps et à d’autres Etats.

À partir de ce carré se dégagent deux relations importantes en macroéconomie :
La relation entre l’inflation et le chômage (courbe de Phillips). Si le taux de chômage est faible, le taux d’inflation sera élevé et vice-versa. A noter cependant que cette règle s’est imparfaitement vérifiée cette dernière décennie, le plein emploi américain ne s’étant pas traduit par des tensions sur les prix, conséquence d’un marché du travail mondialisé qui ne se limite plus aux emplois ouvriers et de l’uberisation d’une partie de l’emploi.
La relation entre la croissance économique et le chômage. Invariablement, plus la croissance est forte et plus le chômage baisse (loi d’Okun).
Les objectifs des politiques contracycliques : politique de relance et politique d’austérité
Les politiques contracycliques ont pour objectif de limiter les variations trop importantes d’un cycle économique :
- en limitant les surchauffes (emballement des prix, bulles spéculatives)
- en anticipant la reprise économique
Cette modération des cycles est liée à la prise en compte des acteurs. Une crise violente, c’est une reprise trop lente, ce sont des actifs qui se paupérisent, des crises sanitaires, sociales, des entreprises qui disparaissent, donc de l’emploi…. De même sacrifier un peu de croissance permet d’éviter une destruction future de richesse, qui peut être plus importante.
De manière schématique, on considère un plan de relance en cas de crise économique et un plan d’austérité en cas de surchauffe, ou pour assainir les comptes publics après une période de soutien de l’économie.
A l’inverse, les politiques procyclique visent à stimuler un cycle de croissance ou de reprise afin d’atteindre la croissance potentielle du PIB.
Les politiques de relance économique
L’objectif d’une politique de relance est de provoquer une reprise rapide de l’économie en cas de crise/récession.

L’état peut ainsi choisir d’agir en privilégiant la demande de son pays, ou de son offre.
Agir sur la demande
Les politiques de relance appelée politique keynésienne ou politique de la demande sont associées à un soutien de l’Etat, qui va investir dans l’économie en soutenant la demande de biens et de services du secteur privé. Ce soutien peut prendre différentes formes:
- Augmenter les investissements publics (infrastructures, grands travaux…)
- Augmenter la consommation du secteur public,
- Favoriser la consommation privée par des baisse d’impôts, ou des aides, allocations, revalorisation des revenus de remplacement ou des retraites
L’Etat, dans cette logique, va utiliser ses ressources financières (ou s’endetter) pour alimenter l’économie. Les sommes investies, en favorisant la reprise économique, ou en soutenant l’activité, devraient alors alimenter la hausse du PIB et favoriser le remboursement de la dette contractée. En effet, si la consommation augmente, l’Etat percevra davantage de TVA, si les revenus des ménages augmentent les prélèvements au titre de l’impôt sur le revenu s’accroissent, de même pour l’impôt sur les bénéfices etc…
Agir sur l’offre
La politique de l’offre vise à soutenir l’activité des entreprises, estimées entravées par des prélèvements excessifs (cotisations sociales impôts et taxes), des salaires insuffisamment soumis à la concurrence du marché, une régulation excessive des marchés etc… Le soutien aux entreprises passe alors par une simplification administrative (moins de régulation), et une baisse des impôts aux entreprises et de la fiscalité dans son ensemble, le marché étant plus à même d’allouer de la meilleure manière les ressources financières libérées.

Les politiques d’austérité
A l’inverse d’une politique de relance, les politiques d’austérité ont pour objectif principal non pas la croissance mais le rétablissement des comptes publics. Pour ce faire, l’Etat va réduire ses dépenses, diminuer le nombre de fonctionnaires, réduire ou modérer les salaires des derniers, limiter ses investissements mais il va aussi augmenter ses recettes par des hausses d’impôts, qu’il peut exercer sur les ménages et/ou les entreprises. Dernier outil, une hausse des taux directeurs via la politique monétaire, qui enrichit le coût du crédit des ménages et des entreprises, qui réduisent leur consommation.
Cet assainissement des finances publiques entraîne dans un premier temps une réduction de la demande et donc de la consommation, ce qui provoquera à court terme une diminution du taux de croissance du PIB : c’est le « prix à payer » pour accroître le taux de croissance de long terme qui ne sera pas entravé par les déséquilibres financiers de l’Etat.
Là aussi, les débats font rage sur l’impact d’une politique d’austérité sur l’économie. Celle-ci peut avoir un effet récessif en fonction des anticipations des ménages (qui épargnent davantage en prévision des impôts futurs) et du retrait trop important de la demande publique.
Une déréglementation excessive peut aussi amener l’Etat à devoir prendre en charge des externalités sociales, conséquence des inégalités sociales ou de la précarité.. Ainsi, dans les années 1980, la présidence Reagan a conduit une politique de baisse de la dépense publique et des impôts, en réduisant prioritairement les budgets des programmes sociaux. S’en est suivi une hausse de la délinquance et de la criminalité, qui a conduit à l’embauche de forces de police, de juges, de construction de prisons qui ont dû être financés, et conduit à une annulation partielle des baisses d’impôts initialement consentis.
De même, le fonds monétaire international a sous-estimé l’impact récessif des plans de redressement appliqués aux économies qui ont eu recours à ses financements.

Les politiques économiques à moyen/long terme: les politiques structurelles

La politique structurelle est une politique publique à moyen-long terme, dont l’objectif est de transformer en profondeur les structures et les fondamentaux de son économie et de développer la compétitivité d’un pays..
Sa finalité est souvent d’accroître la croissance potentielle de ce dernier, ainsi que la réalisation d’objectifs macroéconomiques (soutenabilité de la croissance, indépendance énergétique ou souveraineté technologique, alimentaire…)
Le PIB potentiel est défini comme le volume de production pouvant être réalisé sans entraîner de tensions sur les prix, compte-tenu des facteurs de production (travail et capital) disponibles.
Une politique économique structurelle vise donc à définir une stratégie sur différents éléments :
- le fonctionnement du marché
- la compétitivité/attractivité du pays
- favoriser les conditions de vie des individus
Favoriser le bon fonctionnement du marché
Optimiser le fonctionnement du marché inclut à la fois réglementation et déréglementation et la prise en charge des défaillances du marché. Bien évidemment, on retrouve ici le fonctionnement de la concurrence, mais également la sécurisation des échanges et des investissements par la réglementation, à l’instar de la protection des brevets, les droits voisins pour la presse, les obligations de production des longs métrages par les diffuseurs, mais aussi des règlementations sur la consommation énergétiques des logements, l’urbanisme, la protection du littoral, le droit du travail…
Améliorer le fonctionnement du marché peut aussi se traduire par des mesures fiscales (taxe ou subventions). Ainsi la politique agricole commune via des subventions versées au producteur définit des orientations en termes de volume ou d’impact sur l’environnement. La mise en place d’une taxe carbone au sein de l’Union Européenne vise à pousser les entreprises à limiter et/ou compenser les externalités négatives de leurs productions. De même, les aides à la rénovation énergétique versées aux ménages et aux bailleurs…

Stimuler la compétitivité et l’attractivité du pays
La compétitivité d’un pays peut se définir comme sa capacité à faire face à la concurrence d’autres pays.
Elle peut se décliner en deux éléments: la compétitivité prix et la compétitivité hors prix
la compétitivité prix :
La compétitivité prix consiste à faire aussi bien que la concurrence mais pour moins cher par des coûts de production moins élevés (coût du travail, productivité, coût du capital), des taux de change et des coûts de transport avantageux.
la compétitivité hors prix
La compétitivité prix s’appuie sur les entreprises à travers un savoir-faire unique, difficilement reproductible, une expertise ou le poids sur un marché des entreprises sur ce pays. L’Etat va alors favoriser l’émergence de “champions” par un cadre règlementaire, social, fiscal spécifique, en favorisant l’innovation par des politiques de soutien à la recherche et développement, la création d’écosystèmes réunissant organismes de recherche pure et entreprises, la montée en gamme de ses produits etc (comme a pu le réaliser la Chine ces dernières années, ou comme a pu le faire le Japon après la seconde guerre mondiale).
La compétitivité d’un pays repose sur un certain nombre de choix politiques, comme la fiscalité des entreprises, le coût du travail, les investissements dans les infrastructures (réseau routier, ferroviaire, énergétique, internet à haut débit etc…), l’aménagement du territoire (avec la création des métropoles et le passage de 22 à 13 régions en France) mais aussi par la qualité de la formation de sa population, la transformation numérique de ses administrations…
Conséquence ou corollaire de la compétitivité d’un pays, son attractivité appréciée par les investissements étrangers dans le pays, qui vont développer de la croissance sur le territoire national, dans le cadre d’échanges internationaux.

Favoriser les conditions de vie des individus
Il s’agit ici de l’ensemble des actions publiques visant à protéger et favoriser les conditions de vie des individus.
La croissance ne suffit pas à assurer le développement d’un pays, qui se caractérise également par des critères comme l’espérance de vie, l’accès à l’éducation, le revenu moyen par habitants, les inégalités sociales…
La politique sociale va intégrer la redistribution des revenus afin de limiter les inégalités sociales à un niveau socialement acceptable (donc relatif), mais aussi les systèmes de retraite, d’assurance maladie, d’assurance-chômage, la famille via la CAF, la formation initiale et professionnelle. Les individus sont ainsi protégés contre les aléas de l’existence (devenir trop vieux pour travailler, ou pouvoir être soigné sans tomber dans l’indigence…) ce qui favorise in fine le fonctionnement du système économique.
Des salariés en bonne santé, formés et diplômés via des services publics (ce qui enlève le frein du financement de ces études) sont davantage productifs. Les mécanismes d’assurance publiques limitent l’épargne de précaution et favorisent la consommation, donc la demande de biens et de services. Cependant le coût de cette prise en charge peut se révéler contre productif en étant principalement instauré sur les cotisations des travailleurs, ce qui alourdit le coût salarial de chaque actif.

